En pleine pandémie mondiale, la dette française avoisine les 120% du PIB. Un record historique qui illustre notre performance économique et de l’industrie. Il serait naïf de croire que seule la crise sanitaire en est responsable. Les chiffres d’exportation sont au plus bas. L’institut Rexecode met en évidence ces données dans un rapport de mars 2021. Par exemple, entre 2019 et 2020, les exportations de biens et services à travers le monde ont baissé de 13,2% en Europe, là où en France on observe une baisse de 19,2%. Pour les exportations de biens dans la zone euro, la France qui représentait 13,9% des parts atteint les 12,7% en 2020, là où les autres pays européens restent stables.
Le contexte sanitaire n’explique pas tout. Les autres pays sont aussi impactés par les mêmes mesures. Par exemple, au cœur de ce troisième confinement, les industries restent ouvertes et continuent à produire. Depuis mars 2020, L’Italie et l’Espagne ont eu des restrictions très proches des nôtres et leur situation économique d’exportation n’est pas atteinte.
C’est dans ce contexte qu’il faut surveiller de très près la situation industrielle du pays. Alors que nous pouvons rebondir, quelle stratégie choisir ?
Rapatrier nos industries, ou développer des secteurs stratégiques ?
Beaucoup parlent de relocalisation, au gouvernement on parle de réindustrialisation. D’ailleurs, c’est dans cet objectif que 1 milliard d’euros supplémentaires vont être débloqués. Ils appartiennent au plan de relance à la relocalisation et à la numérisation de l’industrie, et rejoignent les 800 millions déjà investis depuis le début de la crise sanitaire. 4700 projets ont été identifiés pour profiter de ces subventions. Mais l’argent public ne peut pas relancer l’économie seul. Il faut de bonnes décisions, ou des créateurs d’entreprise qui souhaite s’installer en France.
Les entreprises qui ont délocalisé étaient motivées par de bonnes raisons. Des process n’ayant pas besoin du savoir-faire français, une proximité avec les matières premières, ou une main-d’œuvre plus accessible en étaient souvent les motivations. Il est toujours question de performance économique. Ces données n’ont aujourd’hui pas ou peu changé.
Certaines industries, qui fabriquent des produits lourds et difficiles à transporter, ou celles qui veulent une traçabilité ou une réactivité sans faille relocalisent leurs ateliers. Cela reste tout de même anecdotique. On dénombre 98 entreprises ayant relocalisé leur production entre 2014 et 2018 d’après la Direction Générale des Entreprises. La relocalisation n’est donc pas la solution, ni a court terme, ni à moyen terme.
En parallèle, le monde s’accélère de jour en jour et l’innovation est la clé de la réussite. Pour les sociétés développant des produits innovants, la rupture des approvisionnements depuis la Chine de début 2020 a été un signal d’alerte. Dans les avancées technologiques, la rapidité et la réactivité sont de mise pour ne pas perdre de terrain face aux nombreux concurrents. C’est dans ce cadre qu’il devient intelligent de produire dans l’hexagone. Grâce à ces à industries fabricant les produits de demain, nous pouvons garder l’espoir d’inverser les courbes et de faire briller l’industrie française.
La compétitivité est la clé de la performance économique
France Stratégie nous rappelle dans un rapport que les impôts de production s’élèvent à 4,6% du PIB en France, alors que la moyenne européenne est deux fois inférieure avec ses 2,2%. Nous avons en effet une des fiscalités les moins avantageuses d’Europe. La robotisation pourrait être une des clés pour nous faire gagner en performance économique. Nous sommes également en retard à ce niveau, notamment par rapport aux pays asiatiques. Pour exemple, la Corée du Sud possède 4 fois plus de robots pour 10000 habitants que la France. Au sein de l’Europe, l’Allemagne se classe en tête avec 346 robots pour 10000 habitants. Il faut diviser ce nombre par deux pour obtenir les chiffres français.
Il est temps d’inverser la tendance, avec des produits dans l’air du temps. L’intérêt général pour le « made in France » peut aider, mais ne suffira pas. Il faut continuer à aider les entreprises innovantes pour leur permettre de s’installer durablement avec des changements radicaux. Par exemple, dans une interview de ce lundi 12 avril, Xavier Bertrand annonçait en tant que candidat aux élections présidentielles vouloir diminuer les impôts sur la production de 50%, pour rejoindre le niveau européen. Une annonce que l’on espère inspirante pour ses adversaires. Les aides peuvent être également territoriales, et permettre de redynamiser certaines régions qui offrent aujourd’hui peu de perspectives d’emploi à leurs habitants.
De nouvelles offres plus locales, pour relancer la performance économique de notre pays
La demande est en train d’évoluer. Quand il y a quelques années on visait la standardisation au maximum pour économiser sur la masse et proposer des produits toujours moins chers, la délocalisation avait du sens. Aujourd’hui, tout le monde veut des produits différents des autres. La mode est au personnalisable. Une voiture avec un toit bleu, un motif personnalisé dans l’industrie textile ou encore une coque de smartphone avec une photo de votre fils, ce sont des produits pour lesquels on ne veut pas attendre 1 mois entre la commande et la réception.
Avec l’essor de l’impression 3D, de la gravure laser, et des nouvelles technologies de production, c’est une économie locale et territoriale qui peut naître si on l’aide. L’aider financièrement, mais pas seulement, car aujourd’hui l’argent ne suffit plus. Pour faire fonctionner une entreprise, il faut également des compétences.
La formation, une clé vers la réindustrialisation du pays
Les compétences indispensables à la création et au fonctionnement d’industries sont aujourd’hui plus difficiles à trouver chez les jeunes. En effet, l’attractivité de l’industrie a grandement diminué ces dernières années. La crise de 2007 a fragilisé l’industrie mondiale et a impacté tous les jeunes qui rentraient en études. Suite à cela, les formations industrielles ont vu leurs effectifs se réduire.
Depuis quelques années maintenant et heureusement, certains territoire et association de métiers essayent de faire leur possible pour attirer les jeunes dans l’industrie pour gagner en performance économique. Si la France souhaite redevenir leader dans le domaine industriel, elle doit à tout prix dynamiser l’image de l’usine. Ce sont des fruits qui se récolteront dans quelques années, voir dizaines d’années, mais c’est une des solutions pour rebondir.
Pour être performante, l’industrie française doit aussi être numérique
Pour des raisons d’efficacité, et pour attirer les jeunes, l’usine de demain se veut numérique. Certains produits et services associés à l’usine 4.0 permettent aux ateliers de développer la qualité ou le suivi de la performance de manière simple et accessible. Grâce à des évolutions de ce type, il est possible pour chaque entreprise de monter en compétences et en rentabilité pour devenir de féroces concurrents, face à des entreprises mondiales profitant de coûts d’exploitation souvent plus réduits.
L’appétence des jeunes pour les nouvelles technologies n’est plus à prouver. Ces derniers peuvent permettre aux entreprises d’aujourd’hui de rester en phase avec notre monde pour continuer à innover en gardant le bon cap. C’est dans cette direction que nous pourrons gonfler la performance économique générale du pays, l’objectif étant de permettre à la France de briller de nouveau.
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