La pandémie de la COVID-19 a bouleversé l’économie mondiale. Dans les livres d’histoire, nous pourrons un jour lire des cours à propos de la mise à l’arrêt totale de la production mondiale. C’est au même moment qu’ont explosés les besoins en masques, en matériels médicaux, et en produits numériques. Tout cela a provoqué une pénurie planétaire. C’était en mai 2020, et c’est encore dans les esprits de tout le monde. Un an plus tard, où en sommes-nous ?

L’explosion de la demande provoquée par des besoins similaires

En France, en Europe et dans le monde, nous suivons tous les mêmes directives. C’est l’ère du tout numérique. Mais c’est aussi le moment de la réelle reprise de production. La crise sanitaire a arrêté ou ralenti de nombreuses industries. Cela a généré deux problèmes. Il faut maintenant relancer la fabrication, et cela peut parfois être compliqué. Mais surtout, elle doit être plus forte et plus rapide ! En effet, le manque à gagner et la demande qui rattrape le temps perdu sont deux facteurs entraînant de forts besoins.

Aujourd’hui, tous les pays ont les mêmes. Des besoins logistiques pour importer et exporter, des besoins en matières premières pour alimenter l’industrie lourde, ou encore des besoins en pièces détachées pour assembler les produits de consommation comme les véhicules ou les produits électroniques.

La demande dépasse l’offre, cela entraîne une montée des prix, mais l’argent n’est pas la seule donnée. La politique des Etats entre aussi en jeu.

La pénurie de composants dans des secteurs prêts à produire

Alors que l’été dernier, soit seulement quelques semaines après la première vague d’épidémie, la plupart des industries avaient repris leur production, de nombreux site de production se retrouvent à l’arrêt en ce moment même. Le personnel pourrait être présent, ce n’est pas la question. Les machines peuvent fonctionner, elles en sont capables. Mais quels composant assembler ? L’Europe souffre d’une pénurie de composants électroniques. Des semi-conducteurs fabriqués en majeure partie à Taiwan. Des semi-conducteurs, mais pourquoi faire ?

Ces puces électroniques sont partout, dans nos voitures, smartphones, imprimantes, ordinateurs et plus encore. Les confinements ont fait exploser la demande matériel informatique courant 2020. C’est par exemple l’année de tous les records pour les ventes d’ordinateurs, avec une augmentation de 10% par rapport à 2019. Le télétravail généralisé mondialement en est la source.

Cette pénurie de carte électronique provoque l’arrêt momentané de plusieurs lignes automobile, notamment chez Renault avec des semaines de fermeture à Flins, idem pour PSA dans ses usines de Sochaux et de Rennes. C’est une des limites du « Juste à temps ». Toyota à d’ailleurs mis en pause ses usines d’Amérique du nord le mois dernier.

Le secteur automobile n’est pas le seul impacté. Sony a annoncé ne pas pouvoir atteindre ses objectifs de vente de Playstation 5 en 2021 avec pour seule raison : la pénurie de ces puces. On parle du produit phare de la marque.

Une pénurie de matières premières ?

Les matières premières subissent le même sort, avec des besoins grandissants et une offre revue à la baisse. C‘est le cas notamment de l’acier, du cuivre ou encore de l’aluminium. Ici encore la demande augmente mondialement, alors que les mines se sont arrêtées durant l’année dernière. C’est aujourd’hui une augmentation des prix qui en est la seule issue. Pour preuve, le géant français Nexans a publié en début d’année un comparatif des prix entre Juillet 2020 et février 2021. Le prix de la tonne d’acier a augmenté sur cette période de 106%, l’étain de 53% et le cuivre de 50%. Le PVC a quant à lui subit une inflation de 115%.

La plasturgie n’est pas épargnée. Un concours de circonstances atteint également cette filière, avec des ruptures de Polypropylène. Ce plastique très répandu est notamment celui des cônes de pipettes nécessaire aux tests PCR. Quelles en sont les raisons et pourquoi cette pénurie ? Les usines arrêtées en mai dernier, mais pas seulement. La vague de froid qui a frappé le Texas en février a provoqué la fermeture de plusieurs sites pétrochimiques qui s’y trouvaient. La faute aux coupures de courant. Les tempêtes particulièrement violentes de la côte du Golf du Mexique de 2020 n’y sont pas pour rien non plus.  S’en sont suivies des hausses records du prix de tous les composants plastiques issues de ces usines : Polypropylène, Polyéthylène, PVC, etc…

Une fois encore, l’automobile est touchée, mais aussi les fabricants de peintures, ou encore le bâtiment. Et si tout cela ne suffisait pas, en plus de manquer de matières, nous manquons cruellement de solutions de transport intercontinentaux.

La logistique internationale surchargée

La baisse de la production mondiale de l’année dernière a poussé les transporteurs à diminuer leur offre. Ils ont ainsi réduit leur capacité de transport d’environ 30%. Ils n’étaient pas préparés à subir une hausse de la demande. En effet, les consommateurs ont plus dépensé d’argent dans les biens sur les 12 derniers mois que jamais. Cela est dû à la fermeture des restaurants, bar, et à l’impossibilité de voyager.

C’est un secret pour personne, le premier continent exportateur de bien de consommation est l’Asie. Quand la demande a explosé, la diminution du parc de containers était malvenue. De plus, beaucoup de capacité de transport a été absorbé par l’axe transpacifique, représenté par les Amériques en général. Aujourd’hui, le trafic n’est toujours pas revenu à la normal, le prix du container de 20 pieds est passé de 1000$ en juillet 2020 à plus de 4000$ aujourd’hui.

Les conséquences sont lourdes, avec des ruptures d’approvisionnement chez certains clients français et européens. On parle ici d’usines se fournissant sur le marché asiatique, comme c’est le cas pour le marché du vélo électrique. La faute au surbooking des containers générant des annulations, aux délais de réservations allongés, sans parler du retard général que nous a offert « l’Evergreen », en bloquant plusieurs jours le canal de Suez.

Les transporteurs aériens et ferroviaires s’en frottent les mains, mais ceux du secteur maritime également. En effet, cette pénurie de containers a augmenté les prix, et donc leurs marges. Pas de chiffre annoncé ici, mais Jérôme Powell, le président de la Fed (Banque Centrale Américaine) se veut rassurant : « Nous pensons que la chaîne d’approvisionnement va s’adapter, et devenir plus efficace, cela pourrait prendre un an, mais ça va arriver ».

Mais comment lutter contre ces pénuries ?

Difficile de trouver une solution clé en main, mais beaucoup de personnes y travaillent. Pour les minerais, nous possédons quelques mines en Europe, dominé par la Suède et la Finlande, mais elles ne représentent qu’une très faible part de la production mondiale. En effet, en 2017, l’UE ne produisait que 9% de sa consommation en minerais. Cela ne suffira pas. C’est dans ce contexte où il faut croiser les doigts pour ne pas rentrer en conflit diplomatique avec les pays producteurs. Cela pourrait être fatal à beaucoup de structures françaises. Les cartes sont dans les mains du gouvernement.

En parallèle, un autre axe de travail est la recherche de technologies plus sobres en matières, avec des procédés plus propres. En attendant ces nouvelles technologies, le plus gros bénéfice en matière disponible reste le recyclage. En effet, grâce à la réutilisation des matériaux, nous pourrons avancer vers la diminution des importations. Cela ne va pas nous procurer une autonomie, mais peut nous aider à avancer… Si le recyclage a lieu dans le pays.

Ceci pourrait aussi vous intéresser :

Pour suivre notre activité et être informer des prochains articles, suivez nous sur Linkedin : TEEPTRAK